Zentral-Soldaten-Rat Brüssel
De oorlogsmoeheid was bij alle legers voelbaar. Bovendien zorgde de oktoberrevolutie van 1917 voor ongerustheid bij de oorlogsvoerende legerleidingen.
In oktober 1918 begon het 6e Duitse leger zich terug te trekken uit Noord-Frankrijk. Ludendorf pleit voor snelle vredesbesprekingen. Hij brengt een aantal procureurs, burgemeesters, gouverneurs en financiers samen: zij denken eraan om een burgerwacht te installeren. Op 21 oktober dromen een aantal verontruste burgemeesters luidop van de dictatuur. De dictatuur zou de wettelijke autoriteit “tijdelijk” (?) vervangen.
De reden hiervoor was o.m. dat Luik en Brussel vol zaten met deserteurs die naar Duitsland reisden en soldaten die terugkwamen uit vakantie of bij reservetroepen hoorden. Er was een niet onrealistische angst dat de enen de anderen zouden besmetten met revolutionaire ideeën en vredesgedachten. Ondertussen bereidde het militaire opperbevel een politiek van verschroeide aarde voor en wilde het de kolenmijnen vernietigen en de landbouw saboteren.
In Duitsland organiseerden rebellerende soldaten Soldaten-Raten. Op 8 november werd de republiek uitgeroepen. Het Duitse garnizoen in Brussel vangt hierover geruchten op door dat er verschillende Duitse linkse intellectuele soldaten zijn actief in het Duitse perscentrum
Op 9 november treedt de keizer af ten voordele van de socialist Ebert. De keizer vlucht naar Nederland en in Keulen wordt er een Soldatenrat geïnstalleerd. Duitse officieren denken eraan om een eigen soldatenraad te organiseren met soldaten die ze zelf kiezen. Maar ze zijn te laat. Op de avond van 9 november vergaderen Duitse en Belgische soldaten in afwachting van een wapenstilstand. Aan het Noordstation (vandaag Rogierplein) komen Duitse soldaten bijeen, ze nemen de macht over dan luitenant-generaal Hurt en hijsen de rode vlag. Tijdens de schermutselingen tussen de soldatenraad en de officieren vallen er burgerdoden. Er vinden verbroederingen plaats tussen revolutionaire Duitse soldaten en de Brusselse bevolking. De lokale besturen krijgen een deel van hun bevoegdheden terug. Het is duidelijk: Brussel wordt niet bevrijd door de geallieerde troepen, maar door Duitse soldaten in opstand. Op straat trekken soldaten trekken de epauletten van de officieren af. Scholen en zalen worden gevorderd voor vergaderingen.
Zondag 10 november 1918: de beslissende dag
In Brussel is er een soldatenraad. Aan het Noordstation zijn er schermutselingen tussen de soldatenraad en officieren, waarbij er burgerslachtoffers vallen. De 28-jarigd Duitse arts en linkse socialist Hugo Freund komt aan in Brussel. Hij gaat naar het huis van de spoorwegarbeiders, waar hij de menigte toespreekt. Rond 9 uur roept hij vakbondsmensen en politiek bewuste arbeiders op om zich bij hem aan te sluiten. Met veertien personen vormt hij een soldatenraad. Om 11 uur sluit een groep mannen o.l.v. van een zekere Pfeil zich bij hen aan: zij noemen zichzelf de Soldatenrat. Een betoging van meer dan 5.000 soldaten trekt met rode vlaggen door de stad. Het gaat ongetwijfeld over de groep die zich de dag voordien heeft gevormd. Om 14 uur keuren ze een programma goed.
De rode vlag wappert op de Kommandantur, Belgische, Franse en Britse nationale hymnes weerklinken in de stad.
Op 11 november wordt de wapenstilstand ondertekend in Compiègne. Op 13 november verlaten de Duitste troepen Brussel. Twee dagen later volgt het vertrek van de Soldatenraad. Dienstdoend burgemeester Lemonnier roept de bevrijding van Brussel uit op 17 november. Burgemeester Adolphe Max wordt onthaald als een held en op 22 november doen de koning en het Belgisch leger intrede in Brussel.
Le récit d’un témoin oculaire.
BRUXELLES, 15 novembre 1918.
Voici le récit exact des évènements qui se sont déroulés à Bruxelles depuis le dimanche 10 novembre. Une partie de la garnison se mutina ce matin-là, arrêtant les officiers, arrachant leurs insignes. Le drapeau rouge fut arboré à la façade des locaux officiels.
Il était manifeste que l’autorité allemande avait perdu toute action sur les soldats et les civils boches. Les habitants de la capitale qui, depuis trois semaines, attendaient fébrilement leur libération, commencèrent à pavoiser.
Les révolutionnaires allemands parcoururent la ville, précédés de drapeaux rouges, chantant la Marseillaiseet l’Internationale.
Une longue colonne de troupes stationnait à l’Avenue Louise quand un certain nombre de soldats, cédant aux exhortations de leurs camarades mutinés, firent entendre des protestations de plus en plus véhémentes.
Le prince RUPPRECHT de BAVIÈRE, qui logeait à l’ancien hôtel de M. ERRERA, au coin de l’Avenue Louise, sortit pour haranguer ces hommes. Mais à peine eût-il paru qu’il fut accueilli par des huées. Le prince fit vainement appel à ses soldats bavarois, leur prêchant l’obéissance et le calme. Une mitrailleuse, installée sous le porche de l’hôtel, tira alors quelques coups à blanc dans la direction de la troupe.
Aussitôt un groupe de soldats se précipita sur les factionnaires placés à la porte de l’hôtel. Le prince RUPPRECHT et le prince LUITPOLD, n’écoutant que leur courage, se réfugièrent en toute hâte chez le ministre d’Espagne. De là, le prince LUITPOLD se décida à rejoindre son régiment, tandis que RUPPRECHT gagnait la Hollande mardi soir après avoir lancé une proclamation dans laquelle il déclarait ne pas reconnaître la république proclamée en Bavière et attendre la décision du peuple.
Entre-temps, les évènements s’étaient précipités à Bruxelles. Un train amena 200 délégués des Soviets de Berlin et Hambourg, qui se répandirent en ville. Certains d’entre eux conférèrent avec les protagonistes du mouvement qui avait éclaté à Bruxelles, tel un nommé ERIKSTEIN, inconnu jusqu’alors et qu’on vit apparaître à la tête des soldats mutinés, monocle à l’œil et la tête enveloppée d’un pansement.
L’autorité allemande, qui avait télégraphié à Berlin pour demander des instructions, recevait l’ordre de coopérer à l’administration révolutionnaire.
Von der LANCKEN, chef du département politique, le Dr FREUND, premier président ; HANIEL, président du gouvernement wallon ; HURT, gouverneur de Bruxelles, et SCHEIDEN se mirent à la disposition du comité des soldats et ouvriers.
Ceux-ci tinrent une réunion dans les locaux du Sénat. La foule, massée devant le palais de la Nation, ouvrit de force les portes du Parc, fermées depuis quatre ans. Ces manifestations durèrent pendant toute la journée de dimanche. Le cortège qui s’était formé continua de parcourir la ville, obligeant les officiers allemands à retirer leurs insignes.
Lundi, l’agitation reprit, grandissante. Des bagarres éclatèrent entre soldats loyalistes et révolutionnaires. Des mitrailleuses entrèrent en action devant la Bourse.
Près de la Gare du Nord et du boulevard Botanique, les Allemands saisirent ce prétexte pour tirer sur les civils. Quatre de ceux-ci furent tués, un grand nombre blessés. En outre, un domestique de M. BOËL, place Rogier, fut poignardé.
Les soldats mutinés se rendirent alors à la Banque Allard et exigèrent le paiement immédiat d’un million. Une transaction intervint et les mutins se retirèrent en emportant 100.000 francs.
Dans une autre banque, ils enlevèrent une somme de 50.000 francs. Plusieurs maisons furent, en outre, pillées.
Le Comité des soldats, réuni en conseil de guerre, condamna à mort l’artilleur Karl KRASOWKS, coupable de meurtre et de vol à l’hôtel Régent de la place Rogier. La sentence fut exécutée sur l’heure, en présence des membres du Comité.
Sur les ordres du même Comité, tous les déserteurs détenus à la prison de Saint-Gilles et ailleurs furent remis en liberté. Les détenus politiques belges de Vilvorde en profitèrent pour s’évader sur l’initiative du sénateur COLLEAUX, dont il convient de louer l’attitude courageuse.
A la suite de ces évènements, les Bruxellois comprirent qu’ils devaient s’abstenir de participer, de quelque manière que ce soit, aux manifestations en cours. Par des proclamations, les bourgmestres de l’agglomération les engagèrent au calme, disant :
“Chers concitoyens, dans quelques jours nous serons délivrés de l’occupation ennemie. Au milieu des épreuves douloureuses que vous avez supportées avec tant de courage pendant plus de quatre années, il importe à votre honneur que vous montriez les mêmes vertus au moment de l’affranchissement. Conservez votre calme et votre dignité. Évitez toute provocation. Attendez pour manifester publiquement votre joie que le drapeau national soit arboré à l’hôtel de ville”.
En outre, M. LEMONNIER, ff. de bourgmestre de Bruxelles, prenait un arrêté interdisant tout rassemblement, tout cortège, toute circulation de bandes sur le territoire de la ville, et la députation permanente du Brabant interdisait le débit et la consommation de l’alcool et des liqueurs spiritueuses.
D’autre part, le parti ouvrier adressa une proclamation au peuple belge, disant notamment :
“Le peuple belge réintégré dans ses libertés revendiquera avant tout de l’Allemagne nouvelle la réparation totale des méfaits de l’Allemagne d’hier”.
Cette proclamation engageait les travailleurs à veiller au maintien de l’ordre public : “Que les travailleurs soient prêts pour qu’au retour des soldats qui ont si héroïquement coopéré à la libération de notre sol et à l’affranchissement du vieux monde, la Belgique marque elle aussi une ère de justice et de solidarité sociale”.
Elle demandait le suffrage universel, “la poursuite des traîtres et des accapareurs et la taxation des bénéfices de guerre, mais la réalisation de cette œuvre de rénovation exige avant tout que le calme règne. Nous vous convions donc à assister avec sang-froid et dignité à la retraite des troupes ennemies. Pas de fausse manœuvre. Pas de manifestations intempestives”.
Ces interventions eurent un effet salutaire. La population laissa les Allemands régler leurs affaires entre eux.
Les drapeaux furent retirés en attendant l’avis des autorités, pour n’être arborés que dans la joie de la délivrance complète.
Le Comité des soldats fit remettre en liberté les prisonniers anglais, demanda à Berlin le châtiment des exécuteurs de Miss CAVELL, lança un appel disant que la propriété privée belge se trouvait sous sa protection et qu’il sévirait impitoyablement contre tous les actes de pillage.
* * *
Sous la direction de M. PLAS, on s’est occupé de remettre de l’ordre au Palais Royal. Les mutilés ont été installés dans les chambres de l’aile gauche du Palais.
Près d’Assche, les soldats allemands ont fait sauter la poudrière. De nombreuses victimes ont été faites parmi les soldats et malheureusement aussi dans la population.
Au champ d’aviation de Berchem, les aviateurs allemands ont déguerpi, y laissant une cinquantaine d’avions de combat qu’ils abandonnèrent à regret, après avoir exécuté de nombreux vols au-dessus de la région.
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La journée de mercredi fut calme à Bruxelles. Les pièces de la défense ont été déchargées ; des soldats ont jeté des caisses entières de cartouches, de fusées et de grenades dans le bassin Vergote. Des mitrailleuses étaient toujours installées à la Bourse.
En ville, les anciens prisonniers belges et anglais libérés circulent, acclamés par la foule. Les Anglais ont été hospitalisés dans les locaux de l’Université libre, où un organisme de secours a été immédiatement installé.
Le prince impérial EITEL est logé à Louvain, dans l’hôtel de feu le baron DESCAMPS, sous la garde de 25 soldats et de mitrailleuses braquées sur le couvent voisin des jésuites. Les officiers allemands circulent en ville, coiffés d’une casquette avec une bande rouge.
Pour éviter de nouveaux incidents, les troupes en retraite ne passeront plus par Bruxelles, quelles contourneront par le Nord ou par le Sud.
On dit ici qu’un amiral allemand a été fusillé à Anvers par les soldats révoltés.
Le bourgmestre BRAUN est parti le 14 novembre, en auto, pour Gand.
Le bourgmestre MAX, dont on vend le portrait dans les rues, était attendu à Bruxelles le même soir, ainsi que d’autres déportés. Une réception grandiose leur a été préparée.
Mais, par-dessus tout, les Bruxellois attendent avec une impatience folle, l’arrivée du Roi et de ses troupes.
(Texte intégral extrait du journal “Le Courrier de l’Armée” paru le 19 novembre 1918.)
Bronnen:
http://hachhachhh.blogspot.com/2015/05/le-zentral-soldatenrat-ou-le-conseil-de.html
http://history.2014-18brussels.be/nl/rode-dagen-in-brussel
Roel Jacobs in “La Dernière Heure”, 10 november 2011
“Gabrielle Petit. Dood en leven van een Belgische spionne tijdens de Eerste Wereldoorlog”, Sophie De Schaepdrijver, Horizon, 2018, ISBN 9789492159922